Kroupskaïa Nadejda (épouse de Lénine et Ministre de l'Éducation)
 

Extrait de Naissance d'une pédagogie populaire d'Elise freinet
Dans ce dénuement des premières années constructives de la Révolution, dans cette pauvreté qui lui rappelle de façon si saisissante sa pauvreté de Bar-sur-Loup, il se retrouve. Cet élan qui anime si profondément les pédagogues soviétiques est son pain à lui, et sa seule richesse. Il a plaisir à pouvoir parler longuement de sa technique de l'Imprimerie à l'école et des perspectives qu'elle ouvre devant lui. Kroupskaïa, qui est alors ministre de l'Education Nationale, reçoit la délégation au Kremlin, et, dans une entrevue d'une cordialité spontanée, tout en mangeant des pommes offertes avec simplicité, les délégués écoutent de la bouche de Kroupskaïa les réalisations pédagogiques en cours et les créations à venir. Ce qui les frappe dans la parole du ministre, si humble devant l'immense tâche, c'est ce souci permanent de l'enfant, l'effacement de l'éducateur devant lui, l'ambition d'ouvrir des perspectives nouvelles à ses initiatives.
Dans une petite brochure, « Un mois avec les enfants russes », Freinet relatera ses impressions sur les écoles soviétiques qu'il a visitées, et ses contacts avec les pédagogues russes.
Elise Freinet
dans Naissance d'une pédagogie populaire
 

Extrait du texte « NADEJA KROUPSKAIA «   de Mikhaïl S ; Skatkine et Georgy S. Tsovianov
Tiré de  Perspectives : revue trimestrielle d'éducation comparée,  Paris, UNESCO, Bureau International d'Education) vol. XXIV, n° 1-2, 1994, p 51-63
 
Nadejda Konstantinovna Kroupskaïa est une théoricienne et historienne des sciences pédagogiques. Elle est l'épouse de Lénine.
Elle avait étudié les Ïuvres de Comenius, Rousseau, Pestalozzi, Tolstoï, Dewey Éainsi que les systèmes éducatifs appliquées en Russie, Etats-Unis, Angleterre, France, Alle magne, Suisse. Elle s'intéressait aux méthodes pédagogiques modernes. Donc dès la Révolution, une des personnalités les mieux placées pour influencer le changement éducatif, connaissait les actions novatrices engagées dans d'autres pays. 
 
NB/ Les textes entre guillemets sont de l'auteur de l'article et ceux en italiques sont des citations de Kroupskaïa.
«  Elle estimait que le lien entre l'école et la vie, la participation des enfants à un travail utile à la société, l'autogestion des enfants et l'organisation d'un vaste réseau d'activités extrascolaires avaient un impact éducatif considérable.
Kroupskaïa accorde une place importante, dans l'éducation de l'individu, à l'auto-organisation  et à l'autogestion des enfants. Dans un pays où les masses laborieuses se sont emparées du pouvoir, « l'autogestion scolaire doit donner aux enfants l'habitude de résoudre ensemble, par des efforts communs, les problèmes qui se posent à eux » (vol. 3, p 203-204 , de  Pedagogiceskie socienmija ( 11 volumes) Ed. Académie des sciences pédagogiques de la RSFSR,, Moscou, 1957-1963 )
L'autogestion scolaire, estime Kroupskaïa, doit inciter chaque enfant à se montrer plus actif , qu'il s'agisse d'étudier, de travailler ou de faire Ïuvre utile pour la société ; elle doit englober l'ensemble des élèves et leur donner des droits, des possibilités et des devoirs égaux.
Durant les premières années du régime soviétique, de nombreux enseignants n'ayant pas encore pleinement saisi la différence radicale qui séparait l'école nouvelle de l'ancienne, estimaient qu'il incombait aux seuls élèves de s'autogérer. Aussi restaient-ils en retrait, abandonnant les enfants à eux-mêmes en comptant sur leur aptitude innée à s'auto-organiser. Ils ne comprenaient pas qu' « une des fonctions capitales de l'autogestion scolaire doit être d'inculquer aux enfants un sens de l'organisation » (vol.3, p 56) qu'ils ne possèdent pas encore. La tâche fondamentale, selon Kroupskaïa, consiste à apprendre aux enfants à s'organiser et à les aider en leur suggérant amicalement les meilleurs moyens d'y parvenir et en leur recommandant les questions qu'il convient de poser et de résoudre, et de quelle façon ; mais il ne doit en aucun cas faire tout cela à leur place. Les enfants doivent eux-mêmes examiner collectivement toutes les questions, prendre des décisions et les appliquer. C'est ainsi qu'ils acquerront le sens des responsabilités vis-à-vis de la tâche qui leur est impartie, le sens de l'organisation, et qu'ils apprendront à se discipliner et à se juger eux-mêmes."
 
mail de Jean Le Gal
 

Et je pense, malgré moi, à la réception simple et cordiale que nous réserva Kroupskaïa à Moscou en 1925. La glorieuse compagne de Lénine vint s'asseoir au milieu de nous comme une vieille et bonne maman, et nous discutâmes longuement, sans le moindre apparat, de problèmes au moins aussi amples et aussi important que le montessorisme.
Mais quand on est la Dottoressa, il faut une cour et un rite.
 
Un congrès aristocratique
La nouvelle éducation
École Émancipée n°28 du 12 avril 1931
Célestin Freinet
http://www.amisdefreinet.org/archives/ecoleemancipee/19310412.html
 

Des documents pour connaître la réalité soviétique
Nous l'avions vu précédemment, les militants ont accès, grâce à la rubrique Documentation internationale  de leur bulletin, à de nombreux documents de première main, généralement publiés sans commentaires, sur l'éducation dans divers pays. Au cours de cette période, un grand nombre concernent l'URSS. Ainsi la traduction d'un article officiel sur L'Ecole Polytechnique, suivi d'un autre de Kroupskaïa, la veuve de Lénine, sur La préparation de l'éducateur  (EP 1, oct.33, p.40)...
... Devant l'affirmation que les enfants prolétariens ont le meilleur et les enfants de la bourgeoisie sont moins bien traités, l'auteur reconnaît tout de même que Kroupskaïa* et d'autres ont exprimé de puissantes objections au sujet de cette discrimination entre certains enfants (EP 9, p.212). ...
... Tous les ouvrages doivent exalter le progrès. Comme les histoires de fées sont des mensonges, elles deviennent introuvables en magasin. Une note (est-elle ajoutée par Freinet?) précise que cela est en train de changer, notamment sur la recommandation de Kroupskaïa* (EP 17, mai 35, p.319). Enfin, un article de Volguine décrit les vacances des meilleurs élèves recevant prix et drapeaux (EP 18, juin 35, p.424)...
 
Entre Saint-Paul et Vence (1933-1935)
Célestin Freinet, un éducateur pour notre temps
Michel Barré
http://www.amisdefreinet.org/publication/barre/freineteducateur/1-101-109.html
 

En 1925 il se rend en U.R.S.S. avec une délégation syndicale. Il y rencontre Kroupskaïa, femme de Lénine et Ministre de l'Education. Cette activité syndicale et politique aura une profonde influence sur la conception de la pédagogie populaire qui mûrit en lui.
 
Louis Legrand
Perspectives : revue trimestrielle d'éducation comparée
(Paris, UNESCO : Bureau international d'éducation), vol. XXIII, no 1-2, mars-juin 1993
p. 407-423.
http://www.icem-pedagogie-freinet.org/icem-info/une-histoire/autour-de-freinet/autour-du-mouvement/freinet_legrand.pdf
 

Nadejda revendique des origines nobles mais pauvres. Son père était officier de carrière ; il fut accusé de mener des activités subversives et rejeté de l'armée. Sa fille se consacra très vite aux enfants et aux adultes de familles ouvrières, activité louée dans la noblesse en cette époque d'industrialisation. Oulianov et Nadejda Kroupskaïa font connaissance durant cette période. Les deux existences seront définitivement mêlées à Munich où Kroupskaïa, accompagné de sa mère, rejoint Lénine.
Le couple n'eut pas d'enfant à leur grand regret. Plus que chagrinés, ils proposèrent durant leur séjour polonais d'adopter un enfant des Zinoviev.
 
Hélène Carrère d'Encausse
http://membres.lycos.fr/coll3/lenbio.html
 

Nadejda Konstantinovna Kroupskaïa, éminente personnalité soviétique ayant occupé de hautes
fonctions au sein de l'État et du Parti, épouse et compagnon de lutte de Lénine, est à l'origine de
la pédagogie marxiste-léniniste. L'héritage pédagogique qu'elle nous a laissé embrasse
pratiquement tous les aspects de la politique éducative, depuis les bases théoriques de
l'organisation et de la gestion de l'enseignement et la formation de maîtres jusqu'aux questions
touchant à l'alphabétisation, à l'éducation des adultes et aux mouvements de jeunesse.
La renommée de Kroupskaïa, théoricienne et historienne des sciences pédagogiques en
même temps qu'éminente organisatrice du système éducatif socialistes, s'est étendue à de
nombreux pays du monde. En hommage aux services qu'elle a rendus à la cause de l'éducation,
l'UNESCO décerne chaque année un Prix international et une mention d'honneur Kroupskaïa
aux pays, institutions, organisations ou personnes qui se sont distingués par une contribution
particulièrement méritoire à la lutte contre l'analphabétisme.
 
Mikhaïl S. Skatkine et Georgy S. Tsovianov
Perspectives : revue trimestrielle d'éducation comparée
(Paris, UNESCO : Bureau international d'éducation)
http://www.ibe.unesco.org/publications/ThinkersPdf/kroupskf.pdf
 

le mouvement des pionniers
C'est en Union soviétique que l'idéologie du mouvement et sa pédagogie se développent en premier sur le fondement des travaux pédagogiques de Nadejda Kroupskaïa [3] et de Makarenko [4]. Ils se basent sur quelques valeurs du scoutisme et du mouvement allemand Wandervogel [5], et s'appuient sur les nouvelles recherches pédagogiques du tournant du XXe siècle. « C'est l'école qui donne l'arme de la connaissance et de la compréhension, ainsi que la méthode d'utilisation pratique de cette arme. Le devoir du mouvement de pionniers est de faire fonctionner cette arme » [6] (Nadejda Kroupskaïa).
 
Katalin Csösz-Jutteau
http://ipr.univ-paris1.fr/spip.php?article242
 

Le congrès des soviets qui siège à la mort de Lénine débaptise Pétrograd, qui devient Léningrad, fait du 21 janvier un jour anniversaire de deuil, décide d'ériger dans toutes les villes des monuments à sa mémoire, d'embaumer son corps et de le placer dans un mausolée sous les murs du Kremlin afin de permettre les pèlerinages devant la momie. Contre ces décisions surprenantes pour des révolutionnaires par leur inspiration quasi religieuse la seule voix de Kroupskaïa s'élèvera : « Ne permettez pas que votre deuil pour Illitch prenne des formes de révérence externe pour sa personne. N'élevez pas des monuments, ne donnez pas son nom à des palais, ne faites pas des cérémonies à sa mémoire ; il attachait si peu d'importance à tout cela, tout cela lui pesait tant. Souvenez-vous de la pauvreté [...] qu'il y a encore dans le pays. Si vous voulez honorer la mémoire de Vladimir Illitch, construisez des crèches, des jardins d'enfants, des maisons, des écoles, des bibliothèques, des centres médicaux, des hôpitaux, des hospices pour les infirmes, et surtout mettons ses principes en pratique ».
 
P. Broué
http://www.marxists.org/francais/broue/works/1963/00/broue_pbolch_9.htm
 

Le 3 juin 2016
APPEL aux historiens et archivites de notre Mouvement
La pédagogie Freinet et l’autogestion
mail de Jean Le Gal
 
Appelé lors de diverses rencontres à témoigner pourquoi et comment, Freinet et notre Mouvement, ont été et sont des défenseurs de la participation démocratique des enfants aux décisions, de l’auto-organisation à l’autogestion et à la démocratie participative, je recherche particulièrement des documents sur la rencontre entre Nadeja KroupskaÎa et Freinet, en 1925, sur les écrits de Kroupskaïa, et un film « De la coopérative à l’autogestion » qui illustre notre conception que les pratiques démocratiques dans notre classe et école doivent être en cohérence avec la société que nous voulons construire. Merci à vous pour votre aide
Jean
Références
 
Dans L’Ecole Emancipée n°28 du 12 avril 1931, Freinet écrit « Et je pense, malgré moi, à la réception simple et cordiale que nous réserva Kroupskaïa à Moscou en 1925. »
 
Extrait du texte « NADEJA KROUPSKAIA « de Mikhaïl S ; Skatkine et Georgy S. Tsovianov Tiré de Perspectives : revue trimestrielle d'éducation comparée, Paris, UNESCO, Bureau International d'Education) vol. XXIV, n° 1-2, 1994, p 51-63
Pour Kroupskaïa, « une des fonctions capitales de l'autogestion scolaire doit être d'inculquer aux enfants un sens de l'organisation » (vol.3, p 56) qu'ils ne possèdent pas encore. La tâche fondamentale, selon Kroupskaïa, consiste à apprendre aux enfants à s'organiser et à les aider en leur suggérant amicalement les meilleurs moyens d'y parvenir et en leur recommandant les questions qu'il convient de poser et de résoudre, et de quelle façon ; mais il ne doit en aucun cas faire tout cela à leur place. Les enfants doivent eux-mêmes examiner collectivement toutes les questions, prendre des décisions et les appliquer. C'est ainsi qu'ils acquerront le sens des responsabilités vis-à-vis de la tâche qui leur est impartie, le sens de l'organisation, et qu'ils apprendront à se discipliner et à se juger eux-mêmes."
mail de Jean Le Gal